1900 - 1950

 
Réf. Médiathèque - EB8886

 

 

 

 

 

Benjamin Britten

Le compositeur anglais du XXe siècle qui trouva le plus d’écho à l’étranger fut sans conteste Benjamin Britten (1905 - 1976). Sa capacité de créer une adéquation entre la ligne mélodique naturelle, idéalement écrite pour l’organe vocal et le texte poétique, le destinait tout naturellement à exceller dans le drame lyrique et la mélodie, renouant ainsi avec la tradition de Purcell, autre grande figure du patrimoine musical anglais.

Grâce à sa rencontre avec Frank Bridge, il entreprit des études musicales au Royal College of Music. Ce fut un pianiste remarquable, accompagnateur de ses propres mélodies ou interprète des œuvres d’autres compositeurs ainsi qu’un chef d’orchestre recherché (EB9022). Sa rencontre avec le ténor Peter Pears donna naissance à un tandem musical qui fut à l’origine de beaucoup des mélodies que Britten écrivit tout au long de sa vie.

Dès l’âge de dix-sept ans, il commence à composer et ce sont d’emblée des pièces maîtresses qui jaillissent de sa plume : Sinfonietta (EB8598) pour orchestre de chambre et la Simple Symphony (EB8672) suivies par Our Hunting Fathers (EB9099) pour soprano, ténor et orchestre. La Simple Symphony connut la faveur du grand public grâce à une écriture abordable pour tous. Les Variations on Theme from Frank Bridge (EB8629) appartiennent de la même époque. Suivirent Les Illuminations (EB9062) sur les poèmes de Rimbaud et les Seven Sonnets of Michelangelo (EB9142), confirmant le goût de Britten pour les auteurs classiques.

Son écriture est à cette époque teintée de néo-classicisme, ce que certains lui reprocheront. Mais un événement dramatique allait grandement modifier l’état d’esprit du compositeur : le conflit mondial de 1940. Après sa Sinfonia de Requiem (EB8580), Paul Bunyan (EB8848) se présente comme sa première œuvre lyrique dramatique.

Ce fut un opéra qui propulsa Britten au sommet de la renommée en Angleterre mais aussi sur le continent : Peter Grimes (EB8855). Le succès de ce drame lyrique s’explique dans le sens de la dramaturgie que possédait Britten, il était capable d’éviter le statisme tout en distillant la tension sur la durée. Son thème favori tourne autour de l’innocence outragée. Sa compétence étendue dans le domaine de l’orchestre ainsi que sa faculté d’écrire idéalement pour les voix s’ajoutent encore aux qualités intrinsèques de la pièce.

Choisissant la formule de l’opéra de chambre, Britten composa successivement The Rape of Lucrecia (EB8867) d’après une adaptation de la pièce de Shakespeare et Albert Herring (EB8872), une brillante comédie dans le goût des Savoy Operas.
La symphonie chorale Spring Symphony (EB8640) précéda l’opéra Billy Budd (EB8888) inspiré de la nouvelle d’Herman Melville. La violence de la partition et le retour au thème de l’innocence outragée en firent un succès mitigé. Appartenant à la même inspiration, The Turn of the Screw (EB8899), d’après la nouvelle célèbre de Henry James, crée un sentiment d’angoisse par l’économie des moyens mis en œuvre, l’orchestre de chambre et la subtilité de l’écriture ayant recours à un thème de douze notes sans trahir la tonalité.

Toujours dans le domaine lyrique, A Midsummer Night’s Dream (EB8909) d’après Shakespeare, introduit un pupitre de percussions plus coloré. Toujours fidèle aux auteurs classiques, l’opéra pour la télévision Owen Wingrave s’inspire d’une autre nouvelle de Henry James tandis que le dernier opéra de Britten Death in Venice (EB8926) fait appel à un roman de Thomas Mann. Death in Venice est une œuvre pessimiste présentant une filiation avec The Turn of the Screw dans laquelle le sens mélodique, le refus de toute rhétorique ou d’effet gratuit sont portés à un sommet. Le ballet The Prince of Pagodas (EB8620) inaugure un type d’orchestration plus lumineuse.

Composé à l’occasion de l’achèvement de la reconstruction de la cathédrale de Coventry détruite par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, le War Requiem (EB8970) fait appel à un effectif important et dénonce l’absurdité de la violence sans jamais tomber dans le grandiloquent. Le rituel latin de la messe pour les défunts est juxtaposé avec des poèmes de Wilfred Owens. Britten a voulu en faire une œuvre dont le sujet est la guerre et la grande compassion qu’elle lui inspire.

Appartenant au domaine de la musique religieuse, les trois opéras d’église que sont The Curlew River (EB8937), The Burning Fiery Furnace (EB8940) et The Prodigal Son (EB8946) font preuve d’une écriture rigoureuse, voire austère. Ils sont destinés à être représentés sur un parvis d’église comme les mystères médiévaux.

Un grand nombre de mélodies dont on retiendra ses arrangements de mélodies traditionnelles : les Folksongs (EB9186 - EB9190) auxquels s’ajoutent des Cabaret Songs (EB9205) prouvent en abondance son talent à écrire pour la voix.

Dans le domaine de la musique instrumentale, la rencontre avec le violoncelliste Mstislav Rostropovitch allait donner naissance à une Sonate pour violoncelle (EB8772), une Symphonie pour orchestre avec violoncelle (EB8580) et trois Suites pour violoncelle seul (EB8786). Il écrivit aussi un Concerto pour piano (EB8605), un Concerto pour violon (EB8605) et un Double concerto pour violon et alto (EB8598)

Sa musique de chambre, quoique moins connue, comporte des œuvres appréciables tels les trois quatuors à cordes (EB8706).

Deux éléments furent à la base d’un répertoire spécifique que Britten avait déjà expérimenté avec succès : la musique destinée aux enfants. Son installation à Aldeburgh (Norfolk) l’incita à y créer son propre festival après avoir fondé sa propre compagnie, The English Opera Group. De ces initiatives allaient naître The Young Person’s Guide to the Orchestra (EB8505), Let’s Make an Opera (GD4596), The Little Sweep (EB8882 ) et Noye’s Fludde (EB8904).

Dans The Young Person’s Guide to an Orchestra, Britten utilise un thème de Purcell traité en chaconne de manière à faire entendre ce même thème passant d’un instrument de l’orchestre à un autre. Cette œuvre d’une grande valeur pédagogique ne perd rien de sa qualité musicale. Elle illustre le souci du compositeur de rendre la musique accessible à tous. Let’s Make an Opera invite le public à participer à l’élaboration du spectacle tandis que Noye’s Fludde est destiné, lui, à être interprété par des enfants. Dans A Ceremony of Carols (EB9034) pour chœur d’enfants et harpe, des poèmes en vieil anglais sur le thème de la naissance de l’enfant Jésus sont mis en musique de manière faussement archaïque, mettant en valeur la simplicité et l’économie des moyens employés. Hymn to St Cecilia (EB9019) pour chœur d’enfants a cappella appartient à la même source d’inspiration ainsi que des compositions diverses destinées aux choeurs des collèges (EB9027 - EB9018 - EB9042).

L’œuvre de Benjamin Britten est considérable par sa variété et sa qualité. Comme chez la plupart des compositeurs anglais, on ne trouve pas chez lui le désir de vouloir révolutionner l’écriture musicale en introduisant un système innovant. Il s’attache plutôt, tout en puisant dans le patrimoine musical anglais, à exprimer les émotions de ses contemporains, faisant ainsi une synthèse subtile du passé et du présent. En cela, il n’est pas sans évoquer la manière d’un Francis Poulenc, bien qu’il fasse preuve à certains moments d’une violence d’expression plus affirmée. Il est assurément un des grands compositeurs européens de ce XXe siècle.

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